Société

Augmentation des taxes sur le tabac, un pas décisif dans la lutte contre le tabagisme

Mis à jour le 26 novembre 2024
Publié le 26/11/2024 à 5:30 , , ,
Journée mondiale sans tabac 2022, le témoignage d’anciens fumeurs

Une mesure qui fait couler beaucoup d’encre et de salive. L’augmentation de la taxe sur le tabac et ses dérivés figure en bonne position dans l’annexe fiscale 2025. Une réforme perçue comme une mesure importante dans la lutte contre le tabagisme. Docteur Samedi Djè Bi, médecin addictologue et directeur de la Croix Bleue, s’est confié à 7info sur la question. Pour lui, cette décision va contribuer à réduire la consommation de tabac et à limiter ses effets dévastateurs sur la santé des consommateurs.

 

 

Une mesure pertinente pour la santé publique


Dans son intervention, le Docteur Djè Bi rappelle que le droit d’accise – la taxe que paye le produit pour contribuer à la réduction de ses effets nocifs – fait partie d’un « axe de réduction de l’offre » de tabac. Selon l’addictologue, une telle mesure est tout à fait normale et nécessaire : « C’est une décision qui rentre dans la droite ligne du combat contre le tabagisme. Cela fait partie de la stratégie globale pour limiter l’accès et réduire la consommation de produits qui ont un impact négatif sur la santé », souligne-t-il.

 

Des conséquences économiques et sociales à prévoir


Cependant, l’augmentation des taxes sur le tabac aura des répercussions importantes sur l’industrie du tabac. Le Docteur Djè Bi prévoit notamment la fermeture de nombreuses boutiques spécialisées et un impact direct sur les industriels, affectant toute la chaîne de production et de distribution du tabac.  » Il y aura des pertes d’emplois, mais nous avons proposé des solutions de reconversion pour les travailleurs touchés par ces changements « , précise-t-il.

Le spécialiste ajoute que, bien que la hausse des prix soit souvent un levier efficace pour diminuer la consommation, cela ne se traduit pas immédiatement par un arrêt de la consommation chez tous les fumeurs. « Les gens sont prêts à tout pour garantir leur consommation, même s’il faut chercher de l’argent ailleurs. Ce phénomène peut encourager la contrebande », prévient-il. En effet, avec des frontières parfois poreuses, le marché ivoirien pourrait être envahi par des cigarettes non validées, en provenance d’autres pays.

 

L’impact de l’augmentation des prix


L’une des conséquences attendues de cette augmentation des taxes est un phénomène appelé « élasticité « . En d’autres termes, l’augmentation du prix du tabac devrait entraîner une diminution de la consommation, une dynamique que le Docteur Djè Bi considère comme essentielle pour la réduction du tabagisme. « C’est un pas décisif dans la lutte contre le tabac et il faut saluer cette décision », conclut-il.

Cette mesure s’inscrit dans un ensemble d’initiatives visant à réduire la prévalence du tabagisme, un fléau de santé publique qui touche encore de nombreux citoyens et dont les conséquences, tant sur la santé que sur l’économie, sont lourdes.

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Les directives en matière de droits d’accises de la CEDEAO et de l’UEMOA fixent à 50 %, le taux minimum des droits d’accises sur les tabacs et autres produits du tabac. Le taux global de taxation desdits produits est établi à 49 % en Côte d’Ivoire dont 42 % pour les droits d’accises stricto sensu, 5 % en ce qui concerne la taxe spéciale sur le tabac pour le développement du sport et 2 % au titre de la taxe de solidarité de lutte contre le SIDA et le tabagisme.

 Les taux pratiqués en Côte d’Ivoire étant inférieurs à ceux recommandés par l’UEMOA, ils contribuent à rendre accessibles ces produits et leurs dérivés et à accroître ainsi leur consommation par une frange de la population notamment les jeunes qui y ont facilement accès.

D’où la proposition de relever : de 42% à 57 %, le taux des droits d’accises sur les tabacs, de 5 % à 7 %, le taux de taxe spéciale sur le tabac pour le développement du sport, de 2 % à 6 %, le taux de la taxe de solidarité, de lutte contre le SIDA et le tabagisme. Le gain attendu de cette mesure est évalué à 32 milliards de FCFA.

Maria Kessé

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